Les lignes bougent de tous les côtés

La provocation de Matteo Salvini a atteint son but au-delà de toute espérance. Il a mis en évidence la cacophonie européenne qui ne demandait qu’à se réveiller à propos des réfugiés et dont il entend profiter. Elle ne va pas manquer de s’exprimer lors du sommet de fin juin, où une nouvelle réglementation succédant à celle Dublin n’a aucune chance d’être trouvée. Entre répartir une immigration sélectionnée grâce à la redéfinition du droit d’asile et barricader les frontières de l’Europe, le choix est impossible.

L’insaisissable changement de l’ordre mondial

Combien de temps vont-ils continuer à jouer à faire semblant, à déplorer l’abandon des relations à l’ancienne mode ? Donald Tusk, le président de l’Union européenne, est dans le vrai quand il reproche à Donald Trump de défier « l’ordre mondial » à l’occasion du G7, mais dans le faux quand il considère implicitement que celui-ci est immuable. D’où le malaise de dirigeants devant cet ordre en train de basculer, qu’ils ne savent pas comment rattraper.

Une stabilité précaire et pas destinée à durer

Qu’attendre de la situation si, ni les dirigeants allemands, ni les partis du nouveau gouvernement italien ne veulent évoluer ? Certes, aucun d’entre eux n’a l’intention de déclencher la sortie de l’euro du pays, mais c’est pourtant bien ce à quoi ils pourraient contribuer. Et plus vite qu’ils ne le pensent, ne laissant pas le temps à la nouvelle équipe italienne de préparer la mise en œuvre de son plan B, l’émission d’une monnaie parallèle en euros, qui pourrait la différer au moins un temps tout en redonnant des marges de manœuvre.

Le compte n’y est pas, la dynamique du conflit est préservée

Pour couper court à toute spéculation, Angela Merkel a rompu un silence soigneusement entretenu depuis des mois. Elle a d’abord explicité ce que le porte-parole du gouvernement allemand Stefan Seibert entendait hier par l’adoption d’une attitude d’ouverture vis-à-vis du nouveau gouvernement italien : elle propose aux jeunes chômeurs qualifiés italiens de venir travailler en Allemagne.

Les Allemands n’ont pas de plan B

Ces derniers temps, il est fait assaut de créativité afin de contourner le diktat des autorités allemandes et de leurs alliés, dont le modèle de croissance est mis à mal par Donald Trump. L’objectif est d’assouplir les contraintes qui pèsent sur la politique budgétaire sans violer le pacte signé avec le démon, mais tout bute sur la constatation que, plus que jamais crispées, elles n’ont pas de politique de rechange.